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« La réponse du gouvernement à la crise agricole est à l’opposé du respect de la Terre »

La teneur des déclarations du président de la République en ouverture du Salon de l’agriculture et de celles du premier ministre achève de définir une réponse du gouvernement à la crise agricole systémique, une réponse à l’opposé du respect de la Terre. Or les défenseurs du vivant, dont nous nous revendiquons, affirment haut et fort que l’agriculture de l’avenir ne peut être que respectueuse des écosystèmes naturels.
Si l’origine de la vague de mobilisation actuelle est climatique, elle a rapidement été récupérée par l’agro-industrie pour demander un allègement des normes environnementales auxquelles elle est soumise. Cette confiscation ferait presque oublier ses racines profondes : la dépendance du modèle actuel aux circuits agroalimentaires et à la grande distribution qui paupérise les agriculteurs.
En rétropédalant sur la limitation de l’utilisation d’intrants, le gouvernement a un peu plus clarifié sa vision du modèle agricole à sauver et à prioriser. Il fait ainsi vaciller ses propres visées en termes de transition écologique, que l’agriculture doit pouvoir continuer à faire progresser.
L’ambition de pratiques agricoles compatibles avec la protection de l’environnement, sans pour autant renoncer au progrès social et à l’innovation durable, est plus que jamais chahutée, presque désavouée. Le fossé se creuse entre exécutif et artisans du changement, plus qu’inquiets de la mise au ban des objectifs qu’ils soutiennent et supportent.
Nombreux sont celles et ceux qui s’engagent au quotidien depuis des années à faire coexister agriculture et environnement, travail du sol et vie sauvage, et continuent d’améliorer leurs pratiques en ce sens. En bio, en transition, ou même en conventionnel tout en tâchant de limiter leur impact, nombre de paysans compensent en conscience les effets de leurs productions en diversifiant les cultures, en multipliant les jachères, en creusant des mares, en priorisant des races et variétés plus sobres, en créant de nouveaux circuits…
Ces partisans d’une symbiose sont par exemple meurtris face à la simplification administrative de l’arrachage des haies, de véritables primes à la destruction de la biodiversité en facilitant l’anéantissement de ses derniers refuges.
Cette envie d’avancer, de cultiver leur sensibilité à l’environnement et d’en augmenter leur connaissance, ils la partagent avec des chercheurs d’instituts, des écologues, des naturalistes, des conseillers en chambres d’agriculture, pour beaucoup dépités face à la situation actuelle qui met tant à mal les recherches et les progrès engagés.
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